Sous un ciel chargé, traversé de trouées bleues, les 4 ULTIM® et les 10 Ocean Fifty se sont élancés ce midi au sud de la pointe du Talus pour 24 heures de régate intense au large de la Bretagne. En double, les équipages ont d’emblée lâché les chevaux : 40 nœuds en plein vol pour les géants, 30 nœuds sur une coque pour les Ocean Fifty. Un spectacle magique…
La lumière avait quelque chose de théâtral. Le ciel, lourd de nuages, s’ouvrait par instants laissant jaillir de longs rayons argentés sur une mer rangée. À 12h précises, dans un vent de sud-sud-est de 12 nœuds, la flotte a franchi la ligne, offrant d’emblée des images spectaculaires retransmises en direct. Quatorze sillages étincelants sur la baie : une image rare de ces deux flottes réunies pour la toute première fois autour d’un évènement dédié.
Le casting donne le tournis : Franck Cammas, Thomas Coville, Sébastien Josse, Armel Le Cléac’h, Erwan Le Roux, mais aussi Pierre Quiroga, Audrey Ogereau, Basile Bourgnon, Anne-Claire Le Berre, Élodie-Jane Mettraux… Un mélange de champions du circuit Figaro Beneteau, d’as du multicoque, de passionnés de vitesse et de jeunes talents en pleine ascension. Hommes, femmes, générations confondues : un concentré d’énergie et de savoir-faire. Tous ont le couteau entre les dents pour ces 24 heures intensives.
La météo, arbitre impitoyable
Si le départ a offert des conditions idéales, la suite s’annonce plus piégeuse. Christian Dumard, météorologue de l’épreuve, prévient : « Le vent de sud-sud-est va basculer au nord-ouest après le passage d’un front. C’est un front peu actif mais lent, qui va générer une zone de calmes. Entre 22h et 23h à la pointe Bretagne et demain matin, il évoluera doucement. Une situation complexe, avec sans doute beaucoup de manœuvres. »
Les 24H s’annoncent donc intenses, stratégiques et physiques. Le défi est simple : tout donner ! Le front attendu cette nuit redistribuera les cartes, provoquera sans doute un regroupement, et pourrait offrir un final serré jusqu’à la ligne d’arrivée.
Les mediamen embarqués sur ces 24H Ultim, présents pour partager le quotidien des marins, filment et racontent, mais n’apportent aucune aide à la performance. Leur rôle : ouvrir une fenêtre « inside » sur une aventure sportive qui se vit aussi de l’intérieur, entre vitesse folle, manœuvres éreintantes et choix tactiques cruciaux.
Une boucle à suivre en direct sur la cartographie officielle et sur les réseaux de la course, pour vibrer au rythme des duos et vivre, presque à bord, ces 24 heures à bloc au large de la Bretagne
Ils ont dit au moment de quitter les pontons de Lorient-La-Base
Audrey Ogereau, Koesio
« Ça s’annonce intéressant : d’abord un bord de reaching, puis un bord de portant avec un peu de mer et du vent qui va forcir. Ensuite, il faudra jouer avec le front. Le début va être passionnant, on risque de tous se regrouper, ça va resserrer le jeu. Mais il ne faudra pas tout donner d’entrée ! Je suis contente de varier les plaisirs, d’avoir ce type de conditions. Et puis je trouve ça tellement beau de voir tous ces multicoques, je suis fan ! Partir tous ensemble, c’est vraiment une super idée ! »
Luke Berry, Le Rire Médecin – Lamotte
« On est contents, on a du vent travers portant. Dans ces conditions, on est moins défavorisés. Il risque d’y avoir un peu de mistoufle, mais ce qui est chouette, c’est d’être au contact. La transition du sud au nord promet d’être compliquée ! Par contre, on risque de buter dans une zone de moins de vent. Vraiment un parcours intéressant. Et puis avoir les ULTIM® avec nous, c’est magique. »
Anne-Claire Le Berre, Up Wind by MerConcept
« Il va se passer plein de choses sur ce parcours ! En fin de journée, au waypoint BPGO, ça risque d’être compliqué. Dans la nuit, il pourrait y avoir un gros regroupement de flotte et peut-être même un re-départ. Sur ces 24 heures, on va tout donner. On va peut-être réussir à faire une sieste cet après-midi pour être au taquet dès que le vent mollira. On va bien se triturer la tête niveau tactique ! »
Anthony Marchand, Actual Ultim 4
« La situation météo n’est pas simple, avec un front qui nous passe dessus. On ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangés… On va pas mal tourner les manivelles pour changer de voiles et d’allures. Ce sera très tactique, très positionnement. On part au travers, ensuite on mettra le J0, et en début de soirée on risque de se faire croquer par le front. Tout peut bouger : accélérations, ralentissements, manœuvres, changements de voiles… Ça va être 24 heures à fond ! »
Tom Laperche, SVR-Lazartigue
« Le départ s’annonce super, avec des conditions idéales : on part à fond, vent de travers vers les Glénan, puis du portant jusqu’au DST d’Ouessant. Là, ça se corse : on traverse un front pas très fort, mais pas très clair. Il y aura des choix à faire dans une zone de transition. Ensuite, on descend vers le sud, d’un côté ou de l’autre du front, soit au près soit au portant. Il risque d’y avoir peu de vent de Penmarc’h jusqu’à l’arrivée, donc un vrai match à jouer ! Ce sera un super entraînement, avec des conditions variées. »
